Chemins de la contemplation – 17

Yves Raguin

Chemins de la contemplation – XVII

C’est d’ordinaire quand la contemplation est déjà très simplifiée, dans sa forme et dans son contenu, que commence à se manifester la présence divine. En face et au fond de la prière devenue très simple, ainsi dans la prière de simple regard ou de simple repos dans la présence de foi, apparaît un élément nouveau, une nouvelle présence imperceptible. Elle est si ténue, si légère, si discrète, si proche de l’absence, qu’il est presque impossible de la distinguer de cette perception mystérieuse qui accompagne la connaissance de la foi.

Bientôt cette présence se précise et l’âme suspend ses pensées et ses mouvements pour n’être que simple attention à cette présence qui s’impose, à cette lueur qui grandit, à cette mélodie qui s’amplifie. Cette présence semble tantôt remonter des profondeurs de l’être, tantôt apparaître dans l’espace indéfinissable de l’âme ou de l’univers dans lequel elle vit. Elle peut cependant longtemps n’être autre chose qu’une lueur dans la nuit sur une longue route de plaine, une lueur qui semble ne jamais devoir se rapprocher et qui, pourtant, est là, tout près.

Si l’âme est fidèle à l’attention, cette présence grandira. Il faut que l’âme ait le courage de suspendre ses activités, d’arrêter le tricotage de ses idées aux fils brillants. L’attente peut durer longtemps, jusqu’à ce que cette lueur de présence manifeste son origine. L’âme devra rester des mois, des années peut-être, l’ouvrage inachevé sur ses genoux, attendant que Celui qui n’est présent que dans la nuit montre Son visage… et lui parle au coeur.

Yves Raguin, Chemins de la contemplation (Desclée de Brouwer, 1969)

image: Carmel du Pâquier, Suisse (2017)

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