Morceaux choisis – 408 / Benoît XVI

Benoît XVI

Là où on ne rend pas gloire à Dieu, là où Dieu est oublié ou même renié, il n’y pas non plus de paix. Aujourd’hui, pourtant, des courants de pensée répandus soutiennent le contraire: les religions, en particulier le monothéisme, seraient la cause de la violence et des guerres dans le monde; il conviendrait avant tout de libérer l’humanité des religions, afin qu’il se crée ensuite la paix; le monothéisme, la foi dans le Dieu unique, serait tyrannie, cause d’intolérance, car, en fonction de sa nature, il voudrait s’imposer à tous avec la prétention de l’unique vérité. Il est vrai que, dans l’histoire, le monothéisme a servi de prétexte à l’intolérance et à la violence. Il est vrai qu’une religion peut devenir malade et arriver ainsi à s’opposer à sa nature la plus profonde, quand l’homme pense devoir prendre lui-même en main la cause de Dieu, faisant ainsi de Dieu sa propriété privée.

Nous devons être vigilants face à ces travestissements du sacré. Si dans l’histoire un certain usage inapproprié de la religion est incontestable, il n’est pourtant pas vrai que le non à Dieu rétablirait la paix. Si la lumière de Dieu s’éteint, la dignité divine de l’homme s’éteint aussi. Alors, il n’est plus l’image de Dieu, que nous devons honorer en chacun, dans le faible, dans l’étranger, dans le pauvre. Alors, nous ne sommes plus tous frères et sœurs, enfants de l’unique Père qui, à partir du Père, sont en relation mutuelle. Quels types de violence arrogante apparaissent alors et comment l’homme déprécie et écrase l’homme, nous l’avons vu dans sa toute cruauté au cours du siècle dernier. Seulement si la lumière de Dieu brille sur l’homme et dans l’homme, seulement si chaque être humain est voulu, connu et aimé par Dieu, seulement alors, quelle que soit sa situation de misère, sa dignité est inviolable. Et au cours de tous ces siècles, vraiment, il n’y a pas eu seulement des cas d’usage inapproprié de la religion, mais des forces de réconciliation et de bonté sont toujours venues de nouveau de la foi en ce Dieu qui s’est fait homme. Dans l’obscurité du péché et de la violence, cette foi a introduit un rayon lumineux de paix et de bonté qui continue à briller.

Ainsi, le Christ est notre paix et il a annoncé la paix à ceux qui sont loin et à ceux qui sont proches. Comment ne devrions-nous pas le prier en cette heure: Oui, Seigneur, annonce-nous aussi aujourd’hui la paix, à ceux qui sont loin et à ceux qui sont proches. Fais qu’aujourd’hui encore les épées soient transformées en socs, qu’à la place des armements pour la guerre succède de l’aide pour ceux qui souffrent. Eclaire les personnes qui croient devoir exercer la violence en Ton nom, afin qu’elles apprennent à comprendre l’absurdité de la violence et à reconnaître Ton vrai visage. Aide-nous à devenir des hommes objets de ta bienveillance des hommes à Ton image et ainsi des hommes de paix.

Benoît XVI, Messe de minuit – 24 décembre 2012 / extrait (w2.vatican.va)

image: Paul Malo, Aleteia / Ils ont tout perdu, sauf la vie et la foi – Ankawa, Irak (enmanquedeglise.com)

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