Vous verrez le ciel ouvert – 55

Vous verrez le Ciel ouvert – LV

Les entretiens de Charles Journet

Comment considérer le purgatoire? Ce qui intéresse les saints tout d’bord, c’est l’intensité de l’amour. Il vaut mieux mourir avec un grand amour et avoir à subir le purgatoire, que de mourir avec un amour moindre et éviter le purgatoire. Ce qui irrite les saints, c’est de rencontrer des âmes trop préoccupées par le purgatoire.

Sainte Thérèse de Lisieux disait à des religieuses qu’elle voyait dans ce cas: Vous cherchez avant tout à éviter une épreuve, vous devenez des âmes serviles. Ce n’est pas ainsi qu’on doit vivre, on doit vivre pour un plus grand amour. Sainte Thérèse d’Avila, de son côté, a parfois des paroles assez violentes contre la mauvaise manière d’envisager le purgatoire: Ne craignez pas le purgatoire à cause de la peine qu’on y souffre, mais désirez n’y pas aller pour faire plaisir à Dieu Je n’aurais pas voulu ramasser une paille pour éviter le purgatoire; tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour plaire à Dieu et pour Lui sauver des âmes.

Qu’en sera-t-il pour nous? Du fait que nous ne mourrons pas comme les plus grands saints qui entrent directement dans le paradis, il y aura ce lieu de purification. L’amour aura, espérons-le, grandi en nous, peut-être même beaucoup, mais pas suffisamment pour que nos âmes soient complètement transparentes, pénétrables à Dieu. Quand on voit ce que saint Jeran de la Croix demande comme purification pour que Dieu vienne dans l’âme! Attention, dit-il, c’est Dieu que vous allez recevoir en vous! Pour un tel contenu, que présentez-vous comme contenant? Il faudra une purification qui envahisse la substance même de l’âme. Eh bien, cela se fera au moins au purgatoire, dans de la souffrance, mais de la souffrance que je serai le premier à vouloir.

Pensons finalement à cette tendresse de Dieu qui permet à l’Eglise d’ici-bas d’obtenir, par sa supplication, qu’une rosée descende sur les âmes du purgatoire, pour que leur purification soit plus vite, plus profondément achevée. Et quand nous aurons été oubliés de tous, quelqu’un priera encore pour nous, c’est l’Eglise, avec toutes ses grandes prières de la messe des morts, demandant qu’ils entrent dans un lieu de lumière et de paix. Le règne de Dieu, quand il descendra en plénitude dans ces âmes, les purifiera totalement pour qu’elles puissent entrer dans la vie éternelle.

Charles Journet, Entretiens sur les fins dernières / extraits (Parole et Silence, 2011)

image: Chartreuse de la Valsainte, Charmey / Suisse (acustica-godel.ch)

Auteur/autrice

Partager sur:

Dernières publications