Pape François
Seigneur, apprends-nous à prier – XXXXI
Lutter contre Dieu: une métaphore de la prière. Le catéchisme de l’Eglise catholique explique: La tradition spirituelle de l’Eglise a retenu de ce récit le symbole de la prière comme combat de la foi et victoire de la persévérance. D’autres fois, Jacob s’était révélé capable de dialoguer avec Dieu, de Le sentir comme une présence amie et proche. Mais cette nuit-là, à travers une lutte qui dure longtemps et qui le fait presque succomber, le patriarche ressort changé. Changement de nom, changement de mode de vie et changement de personnalité. Pour une fois, il n’est plus maître de la situation – sa ruse ne sert pas -, il n’est plus l’homme stratège et calculateur; Dieu le ramène à sa vérité de mortel qui tremble et qui a peur, parce que Jacob avait peur dans la lutte. Pour une fois, Jacob n’a rien d’autre à présenter à Dieu que sa fragilité et son impuissance, même ses péchés. Et c’est ce Jacob qui reçoit de Dieu la bénédiction, avec laquelle il entre en boitant dans la terre promise: vulnérable, et remis en cause, mais le cœur nouveau. Une fois j’ai entendu dire par une personne âgée, un homme bon, un bon chrétien, mais un pécheur qui avait beaucoup de confiance en Dieu: Dieu m’aidera; il ne me laissera pas seul. J’entrerai au paradis, en boitant mais j’entrerai.
Auparavant, Jacob était sûr de lui, il comptait sur sa ruse. C’était un homme imperméable à la grâce, réfractaire à la miséricorde; il ne savait pas ce qu’était la miséricorde. Il considérait qu’il n’en avait pas besoin. Mais Dieu a sauvé ce qui était perdu. Il lui a fait comprendre qu’il était limité, qu’il était un pécheur qui avait besoin de miséricorde et Il le sauva.
Nous avons tous un rendez-vous dans la nuit avec Dieu, dans la nuit de notre vie, dans les si nombreuses nuits de notre vie: dans les moments obscurs, dans les moments de péché, dans les moments de désorientation. Là, il y a toujours un rendez-vous avec Dieu, toujours. Il nous surprendra au moment où nous ne L’attendons pas, au moment où nous resterons véritablement seuls. Dans cette même nuit, en combattant contre l’inconnu, nous prendrons conscience d’être uniquement de pauvres hommes – je me permets de dire pauvres gens – mais, précisément alors, au moment où nous nous sentons de pauvres gens, nous ne devrons pas craindre: parce qu’à ce moment, Dieu nous donnera un nouveau nom, qui contient le sens de toute notre vie; il changera notre coeur et Il nous donnera la bénédiction réservée à qui s’est laissé changer par Lui. C’est une belle invitation à se laisser changer par Dieu. Lui sait comment faire, parce qu’Il connaît chacun d’entre nous. Seigneur, tu me connais, chacun de nous peut le dire. Seigneur, Tu me connais. Change-moi.
Pape François, Catéchèse: La prière de Jacob / extraits (w2.vatican.va)
image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)