François Cheng
D’un moment à l’autre, l’anonyme brume
Va monter de la vallée;
Bientôt nous nous abandonnerons
Au crépuscule, à la nuit.
Mais pour l’heure un soleil nous retient
Ici, à la mi-hauteur:
Terrasse de la demeure humaine,
Pierres dont l’ancienne senteur
Se mêle à nos mots, trois cyprès là
Au perpétuel flamboiement…
Seul un migrateur égaré capte
L’ardent souffle d’outre-ciel.
D’un moment à l’autre, la brume anonyme
Va monter de la vallée;
Les coeurs humains soudain se tiennent cois,
En eux cri de l’ultime gloire.
François Cheng, La vraie gloire est ici (Gallimard, 2015)
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