Seigneur, apprends-nous à prier – 64

Pape François

Seigneur, apprends-nous à prier – LXIV

La dimension contemplative de l’être humain – qui n’est pas encore la prière contemplative – est un peu comme le sel de la vie: elle donne de la saveur, elle donne du goût à nos journées. On peut contempler en regardant le soleil qui se lève le matin, ou les arbres qui redeviennent verts au printemps; on peut contempler en écoutant de la musique ou le chant des oiseaux, en lisant un livre, devant une œuvre d’art ou devant ce chef-d’œuvre qu’est un visage humain… Carlo Maria Martini, envoyé comme évêque à Milan, intitula sa première lettre pastorale: La dimension contemplative de la vie. En effet, ceux qui vivent dans une grande ville, où tout – pouvons-nous dire – est artificiel, où tout est fonctionnel, risquent de perdre la capacité de contempler. Contempler n’est pas avant tout une manière d’agir, mais c’est une manière d’être.

Etre contemplatifs ne dépend pas des yeux, mais du cœur. Et c’est là qu’entre en jeu la prière, comme acte de foi et d’amour, comme souffle de notre relation avec Dieu. La contemplation est regard de foi, fixé sur Jésus, disait le saint curé d’Ars. Je Le regarde et Il me regarde. La lumière du regard de Jésus illumine les yeux de notre cœur; elle nous apprend à tout voir dans la lumière de Sa vérité et de Sa compassion pour tous les hommes. Je Le regarde et Il me regarde: il en est ainsi: dans la contemplation amoureuse, typique de la prière la plus intime, il n’y a pas besoin de beaucoup de mots: un regard suffit, il suffit d’être convaincus que notre vie est entourée d’un amour grand et fidèle dont rien ne pourra jamais nous séparer. Jésus a été le maître de ce regard. Dans Sa vie n’ont jamais manqué les temps, les espaces, les silences, la communion amoureuse qui permet à l’existence de ne pas être dévastée par les épreuves immanquables, mais de conserver sa beauté intacte. Son secret était la relation avec le Père céleste.

Il y a un unique grand appel dans l’Evangile, et c’est celui à suivre Jésus sur la voie de l’amour. Tel est le sommet, tel est le centre de tout. Dans ce sens, charité et contemplation sont synonymes, elles disent la même chose. Saint Jean de la Croix soutenait qu’un petit acte d’amour pur est plus utile à l’Eglise que toutes les autres œuvres mises ensemble. Ce qui naît de la prière et non de la présomption de notre ego, ce qui est purifié par l’humilité, même s’il s’agit d’un acte d’amour aparté et silencieux, est le plus grand miracle qu’un chrétien puisse réaliser. Et tel est le chemin de la prière contemplative: Je Le regarde et Il me regarde! Cet acte d’amour dans le dialogue silencieux avec Jésus fait beaucoup de bien à l’Eglise.

Pape François, Catéchèse: La prière de contemplation / extraits (w2.vatican.va)

image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)

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