Pape François
Seigneur, apprends-nous à prier – LXXV
C’est beau de penser que la première personne à transmettre cette tendresse dans l’expérience de l’amour de Dieu à Jésus a été Joseph lui-même. Car les choses de Dieu nous parviennent toujours par la médiation d’expériences humaines.
Il y a quelque temps – je ne sais pas si je vous l’ai déjà raconté – un groupe de jeunes gens qui font du théâtre, un groupe de jeunes gens pop, en avance sur leur temps, a été frappé par cette parabole du père miséricordieux et a décidé de faire une œuvre de théâtre pop avec ce sujet, avec cette histoire. Et ils l’ont bien fait. Et tout l’argument est, à la fin, qu’un ami écoute le fils qui s’est éloigné de son père, qui voulait rentrer à la maison mais qui avait peur que son père le mette dehors et le punisse. L »ami lui dit, dans cet opéra pop: Envoie un messager et dis que tu veux rentrer chez toi, et si le père le reçoit, qu’il mette un mouchoir à la fenêtre, la fenêtre que tu verras dès que tu prendras le dernier chemin. Cela a été donc fait. Et l’opéra, avec des chants et des danses, continue jusqu’au moment où le fils emprunte le chemin final et l’on voit la maison. Et quand il lève les yeux, il voit la maison pleine de mouchoirs blancs: pas une, toutes les fenêtres, trois ou quatre mouchoirs par fenêtre. C’est ça la miséricorde de Dieu. Il n’a pas peur de notre passé, de nos mauvaises choses: non. Il a seulement peur de la fermeture. Donc, nous avons tous des comptes à régler; mais régler ses comptes avec Dieu est une très belle chose, car nous commençons à parler et Lui nous embrasse.
La tendresse est le meilleur moyen de toucher ce qui est fragile en nous. Voyez comment les infirmières et les infirmiers touchent les plaies des malades: avec tendresse, pour ne pas les blesser davantage. C’est ainsi que le Seigneur touche nos blessures, avec la même tendresse. C’est pourquoi il est important de rencontrer la Miséricorde de Dieu, notamment dans le Sacrement de la Réconciliation, dans la prière personnelle avec Dieu, en faisant une expérience de vérité et de tendresse. Paradoxalement, le Malin aussi peut nous dire la vérité, mais s’il le fait, c’est pour nous condamner. Le Seigneur nous dit la vérité et nous tends la main pour nous sauver. Nous savons cependant que la Vérité qui vient de Dieu ne nous condamne pas, mais qu’elle nous accueille, nous embrasse, nous soutient, nous pardonne. Dieu pardonne toujours: mettez cela dans la tête et le cœur. C’est nous qui nous fatiguons à demander le pardon. Mais il pardonne toujours. Même les choses les plus laides.
Cela nous fait donc du bien de nous contempler dans la paternité de Joseph qui est un miroir de la paternité de Dieu, et de nous demander si nous permettons au Seigneur de nous aimer avec sa tendresse, transformant chacun de nous en hommes et en femmes capables d’aimer de cette manière. Sans cette révolution de la tendresse nous risquons de rester emprisonnés dans une justice qui ne nous permet pas de nous relever facilement et qui confond la rédemption avec la punition. C’est pourquoi, aujourd’hui, je veux me souvenir d’une façon particulière de nos frères et sœurs qui sont en prison. Il est juste que qui a commis une faute paie pour son erreur, mais il est encore plus juste que qui a commis une faute puisse se racheter de son erreur. Il ne peut y avoir de condamnations sans une fenêtre d’espérance. Toute condamnation comporte toujours une fenêtre d’espérance. Pensons à nos frères et sœurs en prison, pensons à la tendresse de Dieu pour eux, et prions pour eux, afin qu’ils trouvent dans cette fenêtre d’espérance un passage vers une vie meilleure.
Et nous concluons avec cette prière:
Saint Joseph, père dans la tendresse, apprends nous à accepter d’être aimés précisément dans ce qui en nous est plus faible. Accorde-nous de ne placer aucun obstacle entre notre pauvreté et la grandeur de l’amour de Dieu. Suscite en nous le désir de nous approcher de la réconciliation, pour être pardonnés et aussi rendus capables d’aimer avec tendresse nos frères et sœurs dans leur pauvreté. Sois proche de ceux qui ont fait le mal et qui en paient le prix. Aide-les à trouver ensemble avec la justice également la tendresse pour pouvoir recommencer. Et apprends-leur que le premier moyen pour recommencer est de demander sincèrement pardon, pour sentir la caresse du Père. Amen.
Pape François, Catéchèse sur saint Joseph / extraits (w2.vatican.va)
image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)