Patrick Chauvet
A travers l’épreuve de la souffrance, on développe la patience, la fidélité, l’espérance et l’humilité. J’ai vu des malades offrir leurs souffrances pour le salut du monde! Mais la souffrance n’est pas un but en soi; toute recherche de la souffrance comme fin et comme moyen, fût-ce dans le cadre de l’ascèse, est une perversion spirituelle. La souffrance ne produit par elle-même aucun bien. Par rapport au mal auquel elle peut nous entraîner, la souffrance apparaît comme une tentation. Par rapport au bien dont elle peut être une occasion, elle apparaît au contraire comme une voie possible de salut.
En effet, lorsque le Christ regarde le mal dans le monde, Il le regarde en fonction de la fin que Son Père poursuit, à savoir le renouvellement du monde dans la gloire, la manifestation de la gloire de Dieu. Le mystère de la Croix, c’est l’ouverture d’un coeur blessé qui transforme tout en amour. Le mal est déjà vaincu totalement, mais il est encore puissant. Nous en faisons tous l’expérience dans notre monde d’atrocités et de crimes, de mort et de guerres. Le mal est bien là et il semble triompher. Mais au coeur de ces drames, c’est la miséricorde qui triomphe.
La seule réponse au scandale du mal, c’est la résurrection du Christ et la nôtre. Les questions demeurent, même pour celui qui écrit ces quelques pages. Vivement le Ciel pour avoir les réponses… Mais nous serons tellement heureux d’y être, que nous n’aurons plus de questions! Car noius aurons toutes les réponses. Ne faisons pas le procès de Dieu; le Créateur nous a laissés libres et nous ne faisons pas toujours un bon usage de notre liberté!
Demeure donc la liberté que Dieu nous laisse. Et j’allais dire: Dieu merci. Je préfère mener le combat spirituel que d’être une marionnette. Je préfère ne pas avoir toutes les réponses à mes questions, tout en sachant, grâce à la foi, que Dieu est là, même s’Il ne fait pas beaucoup de bruit! Est liée à la liberté la grâce reçue le jour de notre baptême. Ma grâce te suffit (2 Co 12, 9) pour vivre comme disciple au coeur du monde.
Patrick Chauvet, Silence De Dieu – Silence des hommes (Artège, 2020)
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