Vous verrez le Ciel ouvert – 18

Vous verrez le Ciel ouvert – XVIII

Les entretiens de Charles Journet

Une mystique anglaise, Julienne de Norwich, a dit ce mot que j’aime beaucoup: Voyez avec quelle courtoisie Dieu traite Sa créature. La Vierge Marie aurait pu dire non, il se serait passé autre chose. Mais Dieu savait bien de toute éternité qu’elle dirait oui, un oui totalement libre.

Avec nous, Dieu use de ces mêmes courtoisies; Il n’insiste pas; Il ne force jamais. Il vous propose telle ou telle chose. Vous pouvez dire non. Si ce n’est pas une faute, vous ne tomberez pas dans le péché mortel, vous resterez en état de grâce, mais vous vous serez émancipés d’une aventure qui eût été merveilleuse. C’est ce qui nous arrive constamment. Ce sera une des douleurs du Purgatoire si, un jour, Dieu nous y donne accès, d’avoir passé à côté de tant de ces invitations de la grâce divine, douces comme la brise qu’Elie entend passer sur la montagne quand Dieu doit venir. Il ne vient pas dans le vent et la tempête. Il ne vient pas dans le tremblement de terre. Mais voici une brise douce; Elie sort de la grotte, il se voile la face, c’était Dieu qui passait (cf. 1 R 19, 9-15).

De quelles courtoisies Dieu use à notre égard! Est-ce qu’Il nous aime? ou bien ne nous aime-t-Il pas? Chacun de nous a tellement la tentation de dire: c’est impossible, Il ne peut pas aimer une créature si double, si inconstante, si fragile et aussi futile que moi! Je me souviens d’une jeune fille – elle est devenue carmélite – à qui un  jour, on parlait de ces choses-là. Tout à coup, elle a dit: Je sais bien que malgré toute cette diversité, si on me coupait en quatre, on trouverait en moi l’amour de Dieu. Mot splendide qui annonçait déjà sa vocation de carmélite.

Charles Journet, Entretiens sur Marie / extraits (Parole et Silence, 2001)

image: Chartreuse de la Valsainte, Charmey / Suisse (acustica-godel.ch)

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