Pape François
La paix est comme l’espérance dont parle le poète Charles Péguy; elle est comme une fleur fragile qui cherche à s’épanouir au milieu des pierres de la violence. Nous le savons: la recherche du pouvoir à tout prix porte à des abus et à des injustices. La politique est un moyen fondamental pour promouvoir la citoyenneté et les projets de l’homme, mais quand elle n’est pas vécue comme un service à la collectivité humaine par ceux qui l’exercent, elle peut devenir un instrument d’oppression, de marginalisation, voire de destruction.
A ce sujet, méritent d’être rappelées les béatitudes du politique, proposées par le Cardinal vietnamien François-Xavier Nguyen Van Thuan, mort en 2002, qui a été un témoin fidèle de l’Evangile: Heureux le politicien qui a une haute idée et une profonde conscience de son rôle; heureux le politicien dont la personne reflète la crédibilité; heureux le politicien qui travaille pour le bien commun et non pour son propre intérêt; heureux le politicien qui reste fidèlement cohérent; heureux le politicien qui réalise l’unité; heureux le politicien qui s’engage dans la réalisation d’un changement radical; heureux le politicien qui sait écouter; heureux le politicien qui n’a pas peur.
Chaque renouvellement des fonctions électives, chaque échéance électorale, chaque étape de la vie publique constitue une occasion pour retourner à la source et aux repères qui inspirent la justice et le droit. Nous en sommes certains: la bonne politique est au service de la paix; elle respecte et promeut les droits humains fondamentaux, qui sont aussi des devoirs réciproques, afin qu’entre les générations présentes et celles à venir se tisse un lien de confiance et de reconnaissance.
La paix, en effet, est le fruit d’un grand projet politique qui se fonde sur la responsabilité réciproque et sur l’interdépendance des êtres humains. Mais elle est aussi un défi qui demande à être accueilli jour après jour. La paix est une conversion du cœur et de l’âme; et il est facile de reconnaître trois dimensions indissociables de cette paix intérieure et communautaire: la paix avec soi-même, en refusant l’intransigeance, la colère et l’impatience et, comme le conseillait saint François de Sales, en exerçant un peu de douceur avec soi-même, afin d’offrir un peu de douceur aux autres; la paix avec l’autre: le proche, l’ami, l’étranger, le pauvre, le souffrant, en osant la rencontre et en écoutant le message qu’elle porte avec elle; la paix avec la création, en redécouvrant la grandeur du don de Dieu et la part de responsabilité qui revient à chacun d’entre nous, en tant qu’habitant du monde, citoyen et acteur de l’avenir.
La politique de la paix, qui connaît bien les fragilités humaines et les assume, peut toujours se ressourcer dans l’esprit du Magnificat que Marie, Mère du Christ Sauveur et Reine de la Paix, chante au nom de tous les hommes: Sa miséricorde s’étend d’en âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles; il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais (Lc 1, 50-55).
Pape François, Message pour la journée mondiale de la paix – 1er janvier 2019 (w2.vatican.va)