Charles Delhez
Ce Dieu inutile – XVII
Savent-ils, mes amis,
combien leurs visages
me parlent du tien
et combien leur tendresse
me murmure la Tienne?
Imaginent-ils qu’ils sont pour moi
Ta présence et Ta sollicitude,
Ta main tendue
et Ton regard de feu?
Soupçonnent-ils que sans eux
ma vie serait une eau morte
sans reflet de soleil
et mes jours cortège d’ennui
sans espoir d’éternité?
Lorsque ce soir encore
leur amitié franchit mon seuil
pour me toucher d’affection,
vers Toi s’élance mon cœur léger
de reconnaissance
et joyeux de chants
comme l’hirondelle du printemps
et la mésange de l’aurore.
Mais voici la foule des anonymes,
visages sans clarté
et cœurs de brume,
voici la foule des mal-aimés
qui se presse en moi
et crie sa détresse.
Courses solitaires
et solitude sans couleurs,
journées de lassitude
et tristesse sans couchant…
Femmes abandonnées,
enfants délaissés,
amants trahis…
Leur douleur crie en moi
et gémit vers Toi.
O Seigneur,
que mes jours d’amertume
et de conversations muettes
soient communion
avec tous ceux qui n’ont pas croisé
d’autres visages
pour leur parler
du Tien.
Charles Delhez, Pour me parler de Ton Visage, dans: Ce Dieu inutile (coll. Foi Vivante/Lumen Vitae & Fidélité, 1995)
image: Charles Delhez (cathobel.be)