François Mauriac
Au moins, une fois, je me suis évadé; au moins une fois, une seule fois, j’ai vécu indifférent à la mort et à la vie, à la richesse et à la pauvreté, au mal et au bien, à la gloire et aux ténèbres – suspendu à un souffle; et c’était un visage qui, paraissant et disparaissant, faisait le jour et la nuit sur ma vie. Une fois, cela seul, pour moi, a mesuré la durée: le battement régulier du sang, lorsque je me reposais sur une épaule et que mon oreille se trouvait tout contre le cou.
François Mauriac, Destins (coll. LGF/Livre de Poche, 1995)
image: Domaine de Malagar / France (guide-bordeaux-gironde.com)