Martin Steffens
Il est une violence que j’ai apprise récemment et qui desserre mon poing: celle des serviteurs. Servir, à la suite du Christ, c’est aimer d’autant plus ce monde qu’il va mal. C’est être la paix au coeur de la guerre, sans rien renier de sa violence. Laisser l’ivraie à Celui qui jugera. Ceci n’est pas refuser le combat violent contre le Mal, c’est le gagner à la façon du Christ: en renchérissant, en chérissant le monde d’autant plus qu’il en a plus besoin. Le Christ a aimé le monde. Le monde L’a refusé. Alors Il l’a aimé jusqu’à mourir pour lui sur une Croix.
Les chrétiens ne peuvent entrer parfois dans la colère de Dieu et se faire prophètes ou martyrs, que s’ils sont d’abord, comme Lui pour nous, serviteurs. Leur violence doit toujours se souvenir de Son amour. Se souvenir que la toute-puissance divine fut contenue sur la Croix et toute violence dénoncée par elle.
Martin Steffens, Les trois violences, dans: Vives Flammes no 307 – La violence (Ed. du Carmel, 2017)
image: Gaspar David Friedrich, Morgen im Riesengebirge (http://www.cdf-oberschule.schule-berlin.net)