Morceaux choisis – 85 / Thomas Merton

Thomas Merton

Comme Dieu est proche de nous, lorsque, reconnaissant et acceptant notre abjection, nous jetons en Lui tous nos soucis! Contre toute attente humaine, Il nous soutient lorsque nous en avons besoin et nous aide à faire ce qui semblait impossible. Nous apprenons alors à connaître Sa présence, non telle qu’on la trouve dans des considérations abstraites, déguisées sous nos propres oripeaux, mais telle qu’on la trouve dans le vide d’une espérance qui peut toucher au désespoir. Car on atteint l’espérance parfaite au bord du désespoir lorsque, au lieu de tomber dans l’abîme, on se retrouve marchant dans les airs. L’espérance est perpétuellement sur le point de se changer en désespoir, mais au moment de la crise suprême la force de Dieu est tout à coup rendue parfaite par notre infirmité. Ainsi apprenons-nous à attendre Sa miséricorde d’autant plus calmement qu’il y a plus de danger, à Le chercher paisiblement dans les périls, certains qu’Il ne peut nous manquer, même si nous sommes réprimandés par les justes et rejetés par ceux qui prétendent posséder manifestement Son amour.

Thomas Merton, Nul n’est une île (Seuil, 1956)

image: Etienne Parrocel, Jésus et la samaritaine / Musée Fesch, Ajaccio (rouen.catholique.fr)

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