Nadia Tuéni
Je cueille des yeux bleus
dans la jungle des enfants
moi qui vient d’un pays
où le vent est ami moins sûr que la parole.
O mort d’une métamorphose
que de sables perdus
que de vies en absence.
Pour celui chercheur d’un oeil bleu
guidé par ses narines de chercheur d’or
il n’est de vérité qu’une présence
de terre qu’un corps en fleur
et d’arbre qu’un hoquet de paysage.
Je cueille des yeux bleus
comme autant de questions solaires
immortellement vôtres
et ces fontaines mères du soir
bleu liquide des choses simples.
En terre neuve d’oubli
je cueille des yeux bleus
et leurs longues pensées reposent dans mes mains.
Nadia Tuéni, Jardinier de ma mémoire, dans: Les oeuvres poétiques complètes (Editions Dar An-Nahar, 1993)
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