Nikolaas Sintobin
Apprendre à discerner – XII
L’autre écueil des mouvements affectifs négatifs est tout à fait inverse. On peut avoir tendance à s’attarder sur ses sentiments négatifs ou pire encore, à s’y installer et parfois même à s’y complaire. Ces affects négatifs menacent de vous couper de la vie et de Dieu. D’où le conseil d’Ignace: Attelez-vous à mieux comprendre ce qui se passe. Essayez de découvrir d’où vient cette négativité et ce que vous pouvez faire pour y remédier. Ensuite, lorsque vous y verrez plus clair, essayez de laisser ces sentiments négatifs derrière vous et cherchez à renouer avec la joie.
Cette joie est si importante qu’Ignace n’incite pas seulement à la rechercher activement, mais aussi à la demander expressément dans la prière. Nous venons de voir pourquoi cette insistance peut être nécessaire. Le pouvoir d’attraction des sentiments négatifs peut être si grand que même l’envie de la joie semble avoir disparu.
Ici, Ignace, grand spécialiste de l’âme et de la psychologie humaines, donne une suggestion subtile: peut-être qu’on n’éprouve pas de désir de joie, mais on peut avoir le désir du désir de la joie. Exprimez alors ce désir, aussi fragile soit-il. Le désir du désir est aussi un désir. Dieu ne peut entrer dans l’âme humaine que par la porte qui est ouverte, même si celle-ci n’est qu’à peine entrouverte. C’est tout ce que l’on peut faire.
Si possible, demandez cette joie avec insistance. L’enjeu est suffisamment important.
Nikolaas Sintobin, Apprendre à discerner / extraits (Fidélité, 2020)