Bernard de Clairvaux
Il y a une sorte de sagesse à discerner ce que l’on peut par soi-même et ce qu’on ne peut qu’avec l’aide de Dieu, et à se bien garder de toute hostilité envers Celui qui nous garde de tout mal. Mais si les épreuves se multiplient et qu’il en résulte un recours fréquent à Dieu, suivi de délivrances également fréquentes par la grâce de Dieu, le coeur, fût-il de bronze ou de pierre, s’amollit nécessairement devant tant de bonté; il en arrive ainsi à aimer Dieu non seulement dans son propre intérêt, mais pour lui-même…
Cet amour est agréable, parce qu’il est gratuit, et pudique, puisqu’il ne se répand pas en vaines paroles, mais se manifeste dans les actes et la vérité. Il est juste enfin puisqu’il est rendu tel qu’on le reçoit. Celui qui aime ainsi n’aime pas autrement qu’il n’est aimé.
Bernard de Clairvaux, Traité de l’amour de Dieu – Oeuvres mystiques (Seuil, 1951)
image: Saint Bernard (rubylane.com)