Une étreinte de feu – 69 / Thérèse de Jésus

Thérèse de Jésus (Thérèse d’Avila)

O ma vie! ma vie! Comment peux-tu te soutenir, étant séparée de ta Vie? En pareille solitude, à quoi t’occupes-tu? Que fais-tu? Je ne vois en tes oeuvres que fautes et imperfections! Quelle est ta consolation, ô mon âme, au milieu de cette mer orageuse? J’ai pitié de moi-même, mais surtout je pleure en songeant au temps où j’ai vécu sans pleurer. O Seigneur! que Tes sentiers sont doux! Mais qui donc y marchera sans frayeur? Je tremble de ne rien faire pour Toi, et si je me mets à Te servir, rien ne me satisfait, rien ne me semble solder si peu que ce soit mes dettes envers Toi. Je voudrais m’employer sans réserve à Ton service, et quand je considère bien ma misère, je vois que je ne ne peux rien qui vaille, si Toi-même ne me permets de l’accomplir…

Mais pourquoi parler ainsi? A qui s’adressent mes plaintes? Qui prête l’oreille à ma voix, si ce n’est Toi, mon tendre Père, mon Créateur? Dès lors, qu’ai-je besoin de parler pour Te découvrir ma douleur? Je vois jusqu’à l’évidence que Tu es au-dedans de moi. C’est ainsi que je m’égare. Mais, hélas! ô Dieu de mon coeur, comment être sûre que je ne suis pas séparée de Toi? O vie, qui dois te poursuivre dans cette incertitude sur un point si capital, qui donc pourra Te désirer, alors que le seul avantage que l’on peut attendre de Toi, qui est de contenter Dieu en toutes choses, se trouve si incertain et environné de tant de dangers?

Thérèse d’Avila, Exclamations, dans: Oeuvres complètes (Cerf, 1995)

image: Carmel du Havre / France (carmel.asso.fr)

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