Chemins de traverse – 78 / René Char

René Char

L’heureux temps

Chaque cité était une grande famille
Que la peur unissait

Le chant des mains à l’œuvre
Et la vivante nuit du ciel
L’illuminaient

Le pollen de l’esprit
Gardait sa part d’exil

Mais le présent perpétuel
Le passé instantané
Sous la fatigue maîtresse
Otèrent les lisses

Marche forcée au terme épars

Enfants battus chaume dorée
Hommes sanieux
Tous à la roue

Visée par l’abeille de fer

La rose en larmes s’est ouverte.

René Char, Le nu perdu, dans: Oeuvres complètes (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 1983)

image: René Char, Le trousseau de Moulin Premier, album souvenir de L’Isle-sur-Sorgues (La Table Ronde, 2009)

Auteur/autrice

Partager sur:

Dernières publications

Apprendre à discerner – 5

Nikolaas Sintobin Apprendre à discerner – V Il est important d’écouter son coeur, mais cela ne suffit pas. Discerner n’est pas un prétexte pour avancer