René Char
L’heureux temps
Chaque cité était une grande famille
Que la peur unissait
Le chant des mains à l’œuvre
Et la vivante nuit du ciel
L’illuminaient
Le pollen de l’esprit
Gardait sa part d’exil
Mais le présent perpétuel
Le passé instantané
Sous la fatigue maîtresse
Otèrent les lisses
Marche forcée au terme épars
Enfants battus chaume dorée
Hommes sanieux
Tous à la roue
Visée par l’abeille de fer
La rose en larmes s’est ouverte.
René Char, Le nu perdu, dans: Oeuvres complètes (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 1983)
image: René Char, Le trousseau de Moulin Premier, album souvenir de L’Isle-sur-Sorgues (La Table Ronde, 2009)