Etty Hillesum
J’ai réglé mes comptes avec la vie, je veux dire: l’éventualité de la mort est intégrée à ma vie; regarder la mort en face et l’accepter comme un partie intégrante de la vie, c’est élargir cette vie. A l’inverse, sacrifier dès maintenant à la mort un morceau de cette vie, par peur de la mort et refus de l’accepter, c’est le meilleur moyen de ne garder qu’un pauvre petit bout de vie mutilée méritant à peine le nom de vie. Cela semble un paradoxe: en excluant la mort de sa vie on se prive d’une vie complète, en l’y accueillant on élargit et on enrichit sa vie.
Etty Hillesum, Une vie bouleversée – Journal 1941/1943 (coll. Points/Seuil, 1995)