Paul Claudel
Il suffit qu’une petite âme
ait la simplicité de commencer
et voici que toutes sans qu’elles le veuillent
se mettent à l’écouter et répondent,
elles sont d’accord.
Par-dessus les frontières
nous établirons cette république enchantée
où les âmes se rendent visite sur ces nacelles
qu’une seule larme suffit à lester.
Ce n’est pas nous qui faisons la musique,
elle est là, rien y échappe,
il n’y a qu’à s’adapter,
il n’y a qu’à nous y enfoncer
jusque par-dessus les oreilles.
Plutôt que de nous opposer aux choses
il n’y a qu’à nous embarquer adroitement
sur leur mouvement bienheureux.
Paul Claudel, Le soulier de satin, dans: François Varillon, L’humilité de Dieu (Bayard, 2017)