Benoît XVI
Combien de questions nous envahissent en ce lieu d’Auschwitz-Birkenau! La même question revient toujours à nouveau: Où était Dieu en ces jours-là? Pourquoi s’est-Il tu? Comment a-t-Il pu tolérer cet excès de destruction, ce triomphe du mal? Les paroles du Psaume 43, la lamentation d’Israël qui souffre, nous viennent à l’esprit: Tu nous poussais au milieu des chacals et nous couvrais de l’ombre de la mort. C’est pour toi qu’on nous massacre tout le jour, qu’on nous traite en moutons d’abattoir. Réveille-toi! Pourquoi dors-tu, Seigneur? Lève-toi! Ne nous rejette pas pour toujours. Pourquoi détourner ta face, oublier notre malheur, notre misère? Oui, nous mordons la poussière, notre ventre colle à la terre. Debout! Viens à notre aide! Rachète-nous, au nom de ton amour. (Ps 43, 20.23-27). Ce cri d’angoisse que, dans la souffrance, Israël élève à Dieu dans des périodes d’extrême difficulté, est en même temps le cri d’appel à l’aide de tous ceux qui, au cours de l’histoire – hier, aujourd’hui et demain – souffrent pour l’amour de Dieu, pour l’amour de la vérité et du bien; et ils sont nombreux, aujourd’hui encore.
Nous ne sommes pas en mesure de scruter le secret de Dieu – nous ne voyons que des fragments, et ce serait une erreur que de vouloir juger Dieu et l’histoire. Nous ne défendrions pas l’homme dans ce cas, mais nous ne contribuerions qu’à sa destruction. Non – en définitive, nous devons continuer à élever vers Dieu ce cri humble mais persistant: Réveille-toi! N’oublie pas ta créature, l’homme! Et notre cri vers Dieu doit être en même temps un cri qui pénètre notre coeur lui-même, afin que s’éveille en nous la présence cachée de Dieu.
Benoît XVI, Prière en mémoire des victimes au camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau – 28 mai 2006 (w2.vatican.va)
image: Camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau (fr.wikipedia.org)