Vous verrez le Ciel ouvert – V
Les entretiens de Charles Journet
Les perfections absolues existent dans les créatures, mais d’une manière finie, limitée. Avant d’être dans les créatures, elles sont en Dieu, d’une manière infinie, illimitée. Elles vont donc nous servir à épeler les richesses de Dieu.
Quand nous disons de Dieu qu’Il est, qu’Il est bon, qu’Il est juste, cela ne signifie pas seulement qu’Il est cause de l’être, de la bonté, de la justice des créatures. Cela signifie que l’être, la bonté, la vérité, la justice, sont en Lui en toute rigueur. L’être, la bonté, la vérité, la justice ne sont jamais réalisés que d’une manière finie dans les créatures. Affirmer de Dieu l’être, la bonté, la vérité, la justice en les privant de leurs limites créées, c’est les porter jusqu’à l’incandescence, leur donner une intensité infinie. On dira donc de Dieu qu’Il est comme rien d’autre n’est, qu’Il est bon comme personne n’est bon, qu’Il est vrai comme personne n’est bon, qu’Il est vrai comme personne n’est vrai, qu’Il est juste comme personne n’est juste.
Les perfections absolues ne sont pas juxtaposées en Dieu. Portées à l’incandescence, elles se fondent et s’identifient dans le mystère de Son indicible unité: un peu comme les couleurs du spectre solaire s’unissent et se dépassent dans la couleur blanche. Cela veut dire que nos notions d’être, de bonté, de vie, d’amour, de justice, de paix, ne sont que des vues partielles s’ouvrant sur la Réalité ineffable de Dieu.
La pluralité des noms divins reste inégale à l’infinie simplicité de Dieu. Nous multiplions les côtés du polygone sans jamais pouvoir décrire le cercle. Le seul Nom, la seule Parole qui exprime adéquatement tout ce qu’est Dieu, est Son Verbe, et ce Verbe, c’est Lui-même.
Charles Journet, Entretiens sur Dieu le Père / extraits (Parole et Silence, 1998)
image: Chartreuse de la Valsainte, Charmey / Suisse (acustica-godel.ch)