Pape François
Seigneur, apprends-nous à prier – LXXXX
La société toute entière doit s’empresser de s’occuper de ses personnes âgées – qui sont un trésor! -, toujours plus nombreuses et souvent encore plus abandonnées. Lorsque nous entendons parler de personnes âgées dépossédées de leur autonomie, de leur sécurité, voire de leur domicile, nous comprenons que l’ambivalence de la société actuelle à l’égard de la vieillesse n’est pas un problème d’urgences ponctuelles, mais un trait de cette culture du déchet qui empoisonne le monde dans lequel nous vivons: Pour beaucoup, je fus comme un prodige; tu as été mon secours et ma force. Je n’avais que ta louange à la bouche, tout le jour, ta splendeur. Ne me rejette pas maintenant que j’ai vieilli; alors que décline ma vigueur, ne m’abandonne pas. Mes ennemis parlent contre moi, ils me surveillent et se concertent. Ils disent: Dieu l’abandonne ! Traquez-le, empoignez-le, il n’a pas de défenseur… Dieu, ne sois pas loin de moi; mon Dieu, viens vite à mon secours! (Ps 70, 7-12)
La vieillesse non seulement perd sa dignité, mais on doute même qu’elle vaille la peine d’être vécue. Ainsi, nous sommes tous tentés de cacher notre vulnérabilité, de dissimuler notre maladie, notre âge, et notre vieillesse, puisque nous craignons que ce soit l’antichambre de notre perte de dignité. Demandons-nous: est-ce humain d’induire ce sentiment? Comment se fait-il que la civilisation moderne, si avancée et efficace, soit si mal à l’aise avec la maladie et la vieillesse, cache la maladie, cache la vieillesse? Et comment se fait-il que la politique, tant attachée à définir les limites d’une survie digne, soit en même temps insensible à la dignité d’une cohabitation affectueuse avec les personnes âgées, des des malades?
La honte devrait tomber sur ceux qui profitent de la faiblesse de la maladie et de la vieillesse. La prière renouvelle dans le cœur de la personne âgée la promesse de la fidélité et de la bénédiction de Dieu. La personne âgée redécouvre la prière et témoigne de sa puissance. Jésus, dans les Evangiles, ne rejette jamais la prière de ceux qui ont besoin d’aide. Les personnes âgées, en raison de leur faiblesse, peuvent enseigner à ceux qui sont à d’autres âges de la vie que tous nous avons besoin de nous abandonner au Seigneur, d’invoquer Son aide. En ce sens, nous devons tous apprendre de la vieillesse: oui, il y a un don dans le fait d’être vieux, compris comme l’abandon de soi aux soins des autres, à commencer par s’abandonner à Dieu lui-même.
La marginalisation des personnes âgées, tant au niveau conceptuel que pratique, corrompt toutes les saisons de la vie, et pas seulement celle de la vieillesse. N’oublie pas que toi aussi, ta vieillesse arrivera. La vieillesse arrive pour tout le monde. Et de la même manière dont tu aimerais être traité au moment de la vieillesse, traite les personnes âgées aujourd’hui. Ils sont la mémoire de la famille, la mémoire de l’humanité, la mémoire du pays. Prendre soin des anciens qui sont la sagesse. Que le Seigneur accorde aux personnes âgées qui font partie de l’Eglise la générosité de cette invocation et de cette provocation. Et ceci, pour le bien de tous, d’eux, de nous et de nos enfants.
Pape François, Catéchèse sur la vieillesse / extraits (w2.vatican.va)
image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)