Seigneur, apprends-nous à prier – 91

Pape François

Seigneur, apprends-nous à prier – LXXXXI

La vieillesse non seulement n’est pas un obstacle à la naissance d’en haut dont parle Jésus dans son entretien avec Nicodème (Jn 3, 1-21) mais elle devient le moment opportun pour l’illuminer, en la libérant du malentendu d’une espérance perdue. Notre époque et notre culture, qui révèlent une tendance inquiétante à considérer la naissance d’un enfant comme une simple question de production et de reproduction biologique de l’être humain, cultivent ensuite le mythe de l’éternelle jeunesse comme l’obsession – désespérée – d’une chair incorruptible. Pourquoi la vieillesse est-elle à bien des égards dépréciée? Parce qu’elle porte la preuve irréfutable qui récuse ce mythe, qui voudrait nous faire retourner dans le ventre de la mère, pour être éternellement jeunes de corps.

La vieillesse est la condition, accordée à beaucoup d’entre nous, dans laquelle le miracle de cette naissance d’en haut peut être intimement assimilé et devenir crédible pour la communauté humaine: elle ne communique pas la nostalgie de la naissance dans le temps, mais l’amour pour la destination finale. Dans cette perspective, la vieillesse a une beauté unique: nous marchons vers l’Eternité. Personne ne peut réintégrer le ventre de la mère, pas même son substitut technologique et consumériste. Cela ne conduit pas à la sagesse, cela ne mène pas à un chemin accompli, c’est artificiel. Ce serait triste, même si c’était possible. Le vieil homme marche en avant, le vieil homme marche vers la destination, vers le ciel de Dieu, le vieil homme marche avec la sagesse de toute une vie. La vieillesse est donc un moment privilégié pour libérer l’avenir de l’illusion technocratique d’une survie biologique et robotique, mais surtout parce qu’elle ouvre à la tendresse du sein créateur et générateur de Dieu.

Ici, je voudrais insister sur ce mot: la tendresse des personnes âgées. Observez un grand-père ou une grand-mère, comment ils regardent leurs petits-enfants, comment ils caressent leurs petits-enfants: cette tendresse, libre de toute épreuve humaine, qui a surmonté les épreuves humaines et qui est capable de donner gratuitement l’amour, la proximité amoureuse de l’un pour les autres. Cette tendresse ouvre la porte pour comprendre la tendresse de Dieu. N’oublions pas que l’Esprit de Dieu est proximité, compassion et tendresse. Dieu est ainsi, Il sait comment caresser. Et la vieillesse nous aide à comprendre cette dimension de Dieu qu’est la tendresse. La vieillesse est le moment privilégié pour libérer l’avenir de l’illusion technocratique, c’est le moment de la tendresse de Dieu qui crée, trace un chemin pour nous tous. Que l’Esprit nous accorde la réouverture de cette mission spirituelle – et culturelle – de la vieillesse, qui nous réconcilie avec la naissance d’en haut. Lorsque nous pensons à la vieillesse de cette manière, nous nous disons alors: comment se fait-il que cette culture du déchet décide de se débarrasser des personnes âgées, en les considérant comme non utiles? Les personnes âgées sont les messagers de l’avenir, les personnes âgées sont les messagers de la tendresse, les personnes âgées sont les messagers de la sagesse d’une vie assumée. Alors, allons de l’avant et ayons de la considération à l’égard des personnes âgées.

Pape François, Catéchèse sur la vieillesse / extraits (w2.vatican.va)

image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)

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