Charles Delhez
Ce Dieu inutile – XXI
Dans tout ce que nous entreprenons de bon, nous tento ns de consstuire un monde heureux où chacun puisse s’épanouir, toi et moi, vous et nous, ensemble. Admettre l’existence du ciel, c’est avoir la certitude que le désire qui habite chacun de nos gestes d’amour – à savoir d’habiter le Royaume de l’Amour – n’est pas vain. En poussant amoureusement notre rocher jusqu’au sommet de la montagne, nous parviendrons en haut et nous y resterons. Le Mythe de Sisyphe d’Albert Camus prétend faire le portrait d’un homme courageux: il sait que, parvenu en haut, le rocher dévalera aussitôt la pente, mais il continue de grimper.
Ce qui est surtout en jeu, c’est la grandeur de Dieu. Nous croyons qu’Il nous désire de toute éternité et qu’en nous créant, Il nous a tirés de l’inexistence. Le ciel n’est pas d’abord une récompense, mais l’exaucement du rêve désintéressé de Dieu Lui-même qui nous veut comme compagnons d’éternité. Nous ne pouvons Le rejoindre que par l’amour, car il n’est de partage possible de Sa béatitude que dans l’amour. Sa seule joie est d’aimer sans mesure.
Charles Delhez, Ce Dieu inutile (coll. Foi Vivante/Lumen Vitae & Fidélité, 1995)
image: Charles Delhez (cathobel.be)