Pape François
Frères et sœurs, demandons-nous avec sincérité de cœur: croyons-nous que Dieu est à l’œuvre dans notre vie? Croyons-nous que le Seigneur, de manière cachée et souvent imprévisible, agit dans l’histoire, accomplit des merveilles et est à l’œuvre également dans nos sociétés marquées par le sécularisme mondain et par une certaine indifférence religieuse?
Il y a un moyen de discerner si nous avons cette confiance dans le Seigneur. Quel est ce moyen? Tressaillir. Celui qui croit, qui prie, qui accueille le Seigneur tressaille dans l’Esprit, sent que quelque chose bouge à l’intérieur, il danse de joie. Et je voudrais m’arrêter sur cela: le tressaillement de la foi.
L’expérience de foi provoque avant tout un tressaillement devant la vie. Tressaillir c’est être touché à l’intérieur, avoir un frémissement intérieur, sentir que quelque chose bouge dans notre cœur. C’est le contraire d’un cœur plat, froid, installé dans la vie tranquille, qui se blinde dans l’indifférence et devient imperméable, qui s’endurcit, insensible à toute chose et à tout le monde, même au tragique rejet de la vie humaine qui est aujourd’hui refusée à nombre de personnes qui émigrent, à nombre d’enfants qui ne sont pas encore nés, et à nombre de personnes âgées abandonnées. Un cœur froid et plat traîne la vie de manière mécanique, sans passion, sans élan, sans désir. Et on peut tomber malade de tout cela dans notre société européenne: le cynisme, le désenchantement, la résignation, l’incertitude, un sentiment général de tristesse – tout à la fois: la tristesse, cette tristesse dissimulée dans les cœurs, c’est une vie sans tressaillement.
Celui qui est né à la foi, en revanche, reconnaît la présence du Seigneur. Il reconnaît son œuvre dans le fleurissement des jours et il reçoit un regard nouveau pour voir la réalité. Même au milieu des difficultés, des problèmes et des souffrances, il perçoit quotidiennement la visite de Dieu et se sent accompagné et soutenu par Lui. Face au mystère de la vie personnelle et aux défis de la société, celui qui croit connaît un tressaillement, une passion, un rêve à cultiver, un intérêt qui pousse à s’engager personnellement. Maintenant, chacun d’entre nous peut se demander: est-ce que je ressens ces choses? Est-ce que j’ai ces choses? Celui qui est ainsi sait que le Seigneur est présent en toute chose, qu’Il appelle, qu’Il invite à témoigner de l’Evangile pour édifier avec douceur, à travers les dons et les charismes reçus, un monde nouveau.
Pape François, Marseille, Rencontres méditerranéennes / extraits – 22 septembre 2023 (vatican.va)
image: Jan Mostaert, Le Christ des douleurs / 1520 – Musée Pouchkine, Moscou / Russie (lavie.fr)