Nikolaas Sintobin
Apprendre à discerner – VIII
La liberté et la disponibilité intérieure totales ne sont pas de ce monde. C’est inhérent à la nature humaine de s’attacher à tout et, parfois, à n’importe quoi: aux autres, aux objets, aux habitudes, aux idées. En soi, c’est normal et bon. Les attachements peuvent toutefois entraver notre liberté. Ils peuvent rendre difficile de faire ce que suggère le coeur. Parfois il s’agit de petites choses innocentes.
Comme ce petit garçon qui disait à son ami: Voilà mon coffret à jouets. Comme je t’aime beaucoup, tu peux choisir ce que tu veux, c’est pour toi. Seulement, tu ne peux pas prendre mon lapin blanc. Ces attachements peuvent également être moins inoffensifs.
Chacun a une collection de lapins blancs dans son for intérieur. Des petits et parfois des plus grands. C’est déjà pas mal si l’on peut l’admettre pour soi-même. En prendre conscience et, si possible, rendre négociables ces manques de liberté intérieure peuvent être un grand pas en avant. Pour certains, il faudra apprendre à vivre avec.
En résumé, la liberté et la disponibilité intérieures ne sont jamais complètes. Elles ne sont jamais définitivement acquises non plus. Mieux vaut être vigilant et veiller à ce qu’elles soient aussi grandes que possible. Elles rendent possible de mieux écouter ce qui se passe dans le coeur, et ainsi de mieux discerner. Si on laisse le champ libre aux lapins blancs, on peut devenir le jouet de dynamiques dont on ne veut pas vraiment et qui enferment.
Nikolaas Sintobin, Apprendre à discerner / extraits (Fidélité, 2020)